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Erysipelothrix sp.
= Bacille du rouget.
Espèces du genre Erysipelothrix :
- Erysipelothrix rhusiopathiae (seule pathogène pour l'Homme)
- Erysipelothrix tonsillarum
- Erysipelothrix inopinata
- Erysipelothrix larvae
- Erysipelothrix piscisicarius
-
Classification :
- Bacillota
- Erysipelotrichia
- Erysipelotrichales
- Erysipelotrichaceae
-
Examen direct :
- Petits bacilles Gram positif rectilignes ou légèrement courbés aux extrémités arrondies
- Décoloration fréquente : observation de fins bacilles Gram négatif contenant des granules Gram positives (aspect perlé des bacilles)
- Formes filamenteuses non ramifiées fréquemment observées
- Disposition : par paires en forme de V ou en courtes chainettes
- Non sporulés
- État frais : immobilité
-
Habitat naturel :
- Bactérie ubiquitaire de l’environnement, distribution mondiale
- Flore commensale cutanéomuqueuse (cutanée, digestive, respiratoire) de nombreux animaux (mammifères, oiseaux, reptiles, poissons, crustacés)
- Réservoir principal : porc domestique
-
Facteurs de virulence :
- Formation de biofilms
- Survie prolongée dans l’environnement
- Protéines de surface (adhésion, dissémination)
- Capsule (résistance à la phagocytose, survie et multiplication intracellulaire)
- Production de neuraminidase (adhésion + invasion) et de hyaluronidase
-
Épidémiologie :
- Anthropozoonose rare de répartition mondiale
- Transmission à l’Homme :
- Par voie cutanée : inoculation cutanée accidentelle, souillure d’une plaie au contact d’animaux, manipulation d’animaux contaminés
- Par voie digestive (rare) : ingestion de viande de porc insuffisamment cuite ou de fruits de mer contaminés
- Pas de transmission interhumaine
- Maladie professionnelle chez les patients exposés (éleveurs, vétérinaires, personnels d’abattoirs, cuisiniers, bouchers, poissonniers…)
-
Pathogénicité :
- Chez l'Homme :
- Forme cutanée localisée = érysipéloïde (ou érysipéloïde de Rosenbach ou érysipéloïde de Baker-Rosenbach) : forme la plus courante
- Incubation : 24h à 7 jours
- Cellulite de la face dorsale de la main et des doigts : plaque érythémato-oedémateuse rouge-violette aux contours surélevés et bien délimités + gonflement local + sensations de brûlures et de démangeaisons intenses
- Autres localisations rares : paume, avant-bras, face, membres inférieurs
- Lésions d’extension centrifuge
- 10% des cas : signes généraux (hyperthermie), douleurs articulaires
- Guérison spontanée en 3 à 4 semaines
- Forme cutanée diffuse : rare, sévère +++
- Lésions identiques à l’érysipéloïde mais parfois bulleuses et étendues à tout le corps
- Signes généraux fréquents (hyperthermie, céphalées, myalgies, malaises, arthralgies)
- Évolution lente
- Récidives fréquentes
- Formes systémiques : endocardites infectieuses, septicémies (rares)
- Sur terrain fragilisé (immunodépression, pathologie cardiaque préexistante)
- Complications nombreuses : insuffisance cardiaque, abcès myocardiques, embolies, méningites, chocs septiques…
- Mortalité importante
- Autres infections : arthrites septiques, ostéomyélites, méningites, spondylodiscites, infections intra-abdominales, un seul cas de pneumonie décrit
- Chez l’animal (porc +++) :
- Forme aiguë septicémique d’évolution rapide
- Forme subaiguë avec éruptions cutanées caractéristiques
- Forme chronique : atteintes articulaires, endocardites infectieuses
-
Prélèvement :
- Sang pour hémocultures
- Suppurations diverses
- Liquides de ponction
- Biopsies cutanées (en périphérie des lésions)
- Valves cardiaques
- Liquide céphalorachidien
- Attention : écouvillonnage cutané inutile
Réalisation de l'examen direct
-
Mise en culture :
- Bactéries non exigeantes
- Respiration : aéro-anaérobie facultative
- Milieux enrichis (géloses sang, bouillons d'enrichissement)
- Incubation : 37°C, air ambiant ou enrichi en CO2 (7 jours minimum)
-
Identification :
- Caractéristiques antigéniques :
- Sérotypage (26 sérotypes) : non réalisé en pratique courante
- Sérologie (recherche des IgG anti-Erysipelothrix) réalisée en médecine vétérinaire
- Caractéristiques biochimiques d'orientation :
- Catalase négative
- Oxydase négative
- MALDI-TOF couplé à la spectrométrie de masse
- Galeries d'identification bactérienne
- Typage moléculaire (laboratoires spécialisés) à visée épidémiologique
- PCR (médecine vétérinaire)
-
Résistances naturelles :
- Glycopeptides
- Aminosides
- Cotrimoxazole
- Sulfamides
- Fosfomycine
- Macrolides
- Tétracyclines
- Chloramphénicol
- Pas de résistance aux β-lactamines décrite
- Pénicilline G, amoxicilline
- Céphalosporines de 3e génération (céfotaxime, ceftriaxone)
- Ciprofloxacine
- Tétracyclines
- Groupe des MLS (macrolides, lincosamides, streptogramines)
Résistances acquises décrites :
Phénotype sensible :
-
Traitement curatif :
- 1ère intention : amoxicilline
- 2ème intention : macrolides
- Durée du traitement : 7 jours (forme cutanée), 4 à 6 semaines (endocardites)
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Prophylaxie :
- S'applique aux personnels exposés :
- Respect des mesures d'hygiène des mains
- Soins et asepsie des blessures
- Port de gants lors de manipulations à risque
Mise à jour : novembre 2023