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Virus de l'hépatite E (VHE)
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Classification :
- Famille : Hepeviridae
- Sous-famille : Orthohepevirus
- Genre : Paslahepevirus
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Structure de la particule virale :
- Taille : environ 30 nm
- Génome : ARN simple brin de polarité positive
- Capside icosaédrique
- Virus nus (non enveloppés)
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Circulation :
- Sang : sous forme quasi-enveloppée (enveloppe lipidique) et retrouvé nu dans les selles
- Cellules cibles : cellules intestinales, hépatocytes, cellules endothéliales, neurones et placenta
- 1 – Entrée du virus dans la cellule-cible (mécanismes non connus)
- 2 – Décapsidation
- 3 – Transcription de l’ARN génomique par l’ARN polymérase ARN-dépendante virale : synthèse d’un brin d’ARN antigénomique
- 4 – L’ARN antigénomique sert de matrice à la formation des nouveaux ARN génomiques
- 5 – Encapsidation et quasi-enveloppement
- 6 – Sortie de la cellule cible par exocytose vers le sang ou les conduits biliaires : la quasi-enveloppe est lysée dans les conduits biliaires, le virus s’y retrouve sous forme nue
Cycle de multiplication virale :
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Épidémiologie :
- Cause la plus fréquente d’hépatite aiguë dans le monde : environ 20 millions de cas dans le monde chaque année
- Virus endémique à l’échelle mondiale :
- Pays en voie de développement : épidémies
- Pays développés : cas sporadiques
- Transmission :
- féco-orale : ingestion d’eau contaminée ou de fruits de mer
- alimentaire : consommation de viande crue ou insuffisamment cuite (porc ou gibiers)
- directe par contact avec un animal infecté
- parentérale : transfusion de produits sanguins labiles
- maternofoetale : in utero, dernier trimestre de grossesse
- Facteurs de risque d’hépatite aiguë :
- Sexe masculin
- Age : adulte jeune (pays en développement), adulte âgé (pays développés)
- Femme enceinte (formes graves associées aux génotypes 1 et 2)
- 7 génotypes identifiés :
- 1, 2 : strictement humains, prédominants dans les pays en développement
- 3, 4 : zoonotiques, prédominants dans les pays développés
- 5, 6, 7 (rares) : zoonotiques
- répartition géographique (d’après Virus de l’hépatite E, traité EMC biologie médicale, octobre 2023) :
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Pouvoir pathogène :
- Infection asymptomatique et spontanément résolutive dans la majorité des cas
- Incubation : 15 à 60 jours
- Hépatite E aiguë symptomatique (5 à 30 % des cas) :
- Phase prodromique (1 à 27 jours) : nausées, vomissements, sensation de malaise, fièvre
- Phase ictérique (10 à 24 jours) : ictère + fièvre + asthénie
- Femme enceinte (génotypes 1 et 2) : avortements spontanés, mortalité in utero, naissances prématurées avec petit poids de naissance
- Nouveau-né infecté in utero : hépatite, hypoglycémie, pouvant conduire au décès
- Décompensation aiguë d’une cirrhose hépatique : associée à une mortalité élevée
- Hépatite E aiguë fulminante :
- Femme enceinte
- Sujet ayant une hépatopathie chronique préexistante
- Hépatite E chronique (génotype 3, génotypes 4 et 7) :
- Définition : persistance du virus dans les prélèvements biologiques > 3 mois
- Concerne les sujets immunodéprimés
- Peut conduire à la cirrhose hépatique
- Symptôme le plus fréquent : asthénie ou élévation asymptomatique des transaminases
- Manifestations extra-hépatiques (rares) :
- Perturbations biologiques : thrombopénies, anémies hémolytiques
- Symptômes neurologiques (notamment syndrome de Guillain-Barré)
- Atteintes rénales
- Myocardites
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Prélèvement :
- Sang
- Selles
- Recherche des IgM anti-VHE :
- marqueurs d’une infection aiguë
- techniques : immunoanalyse (sur automate, microplaques ou tests rapides)
- apparition concomitante à l’élévation des transaminases
- persistance jusqu’à 3 mois après la phase aiguë
- Recherche des IgG anti-VHE :
- marqueurs d’une infection ancienne
- techniques : immunoanalyse (sur automate, ou microplaques)
- apparition quelques jours après les IgM
- persistance : plusieurs années
- Recherche de l’ARN du VHE par RT-PCR :
- détection dans le sang et les selles avant la phase aiguë
- détection dans le sang : 3 à 4 semaines
- détection dans les selles : 5 à 6 semaines
- détection > 3 mois après la phase aiguë : diagnostic d’infection chronique
- indications : atteinte hépatique sévère (immunocompétent) ou chez l’individu immunodéprimé : cytolyse hépatique sans IgM, recherche d’une infection chronique, suivi de l’efficacité thérapeutique
- Séquençage d’une souche : détermination du génotype
Diagnostic indirect : sérologie
Diagnostic direct : laboratoires spécialisés
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Éléments de traitement :
- Traitement symptomatique
- Traitement des hépatites chroniques : ribavirine en monothérapie pendant 3 à 6 mois
- Allègement de la thérapeutique immunosuppressive si possible
- Suivi de l’éradication de l’infection : charge virale 3 mois après la fin du traitement
Suivi du traitement :
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Prophylaxie :
- Précautions générales :
- lavage des mains
- chauffage suffisant des aliments (70 degrés pendant 20 minutes)
- éviter la consommation de viande crue ou insuffisamment cuite (gibiers +++)
- vaccin en cours de développement (disponible en Chine et au Pakistan)
- Précautions particulières en zone d’endémie :
- programmes d’amélioration de l’hygiène collective et individuelle
- traitement des eaux usées et accès à l’eau potable
Mise à jour : janvier 2024