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Virus de l'immunodéficience humaine (VIH)
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Classification :
- Famille : Retroviridae
- Genre : Lentivirus
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Structure de la particule virale (type I) :
- Taille : 90 à 120 nm de diamètre, particules sphériques
- Génome : 2 ARN simple brin de polarité positive, contenant 3 gènes codant pour les protéines virales
- gag : code pour les protéines internes au virus
- env : code pour les glycoprotéines d’enveloppe
- pol : code pour les enzymes virales (protéase, intégrase, transcriptase inverse)
- Enzymes :
- Transcriptase inverse (= rétrotranscriptase)
- Intégrase
- Protéase
- Nucléocapside associée aux molécules d'ARN génomique : constituée de la protéine p7
- Capside conique constituée de la protéine p24 très abondante
- Matrice : constituée de la protéine p17
- Enveloppe : bicouche lipidique d’origine cellulaire + 2 glycoprotéines virales
- gp41 : glycoprotéine transmembranaire
- gp120 : glycoprotéine de surface (fixation aux cellules cibles)
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Cellules cibles :
- Cellules portant la molécule CD4
- Lymphocytes CD4
- Monocytes et macrophages
- Cellules dendritiques
- Cellules de la microglie du système nerveux central
- Rétrovirus.
- 1 – Attachement de la gp120 à la molécule CD4 (récepteur spécifique) de la cellule cible
- 2 – Reconnaissance de la gp120 par les co-récepteurs cellulaires du VIH (CXCR4 et CCR5)
- 3 – Fusion de l’enveloppe du virus avec la membrane cellulaire : la capside virale pénètre dans le cytoplasme de la cellule cible
- 4 – Rétrotranscription de l’ARN viral par la transcriptase inverse virale dans le cytoplasme : ADN complémentaire
- 5 – ADN viral monocaténaire → ADN bicaténaire (= ADN proviral) par la transcriptase inverse virale
- 6 – Pénétration de l’ADN bicaténaire dans le noyau et intégration au génome grâce à l’intégrase virale
- 7 – Transcription de l’ADN bicaténaire en ARN messagers par l’ARN polymérase II cellulaire
- phase précoce : épissage des ARNm codant pour des gènes régulateurs et les ARN génomiques viraux
- phase tardive : exportation d’ARNm plus longs codant pour les protéines internes, les enzymes virales et les glycoprotéines d’enveloppe (gènes gag, pol, env)
- 8 – Encapsidation du génome viral
- 9 – Sortie de la cellule cible par exocytose sous forme immature
- 10 – Maturation extracellulaire par la protéase virale : synthèse de la particule virale infectieuse finale
Cycle de multiplication virale :
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Épidémiologie :
- Maladie à déclaration obligatoire en France
- Répartition :
- VIH-1 : répartition mondiale
- VIH-2 : épidémie en Afrique de l’Ouest
- Transmission interhumaine :
- voie sexuelle
- voie sanguine
- voie maternofoetale (in utero, accouchement, allaitement)
- Estimation dans le monde (2022) :
- environ 39 millions de personnes infectés (70 % en Afrique)
- 600 000 morts de causes liées au VIH
- En France : environ 6000 nouveaux cas par an déclarés
- Facteurs de risque :
- Rapports sexuels non protégés, multiples
- IST préexistante (Chlamydia trachomatis, Neisseria gonorrhoeae, Treponema pallidum, herpès) ou vaginose bactérienne
- Partage de drogues, aiguilles ou seringues
- Actes médicaux à risque : greffes, piqûres non stériles, transfusions sanguines à risque
- Variabilité génétique : présents sous forme de quasi-espèces chez l’individu infecté (cause : erreurs faites par la transcriptase inverse)
- VIH-1 : groupe Majeur M (comprenant 9 sous-types) et autres groupes minoritaires (Afrique centrale) : groupe Outlier O, groupe N (non M, non O), groupe P
- VIH-2 : 9 groupes (A à I)
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Pouvoir pathogène :
- VIH-2 : pouvoir pathogène moindre que le VIH-1.
- Incubation : 2 à 4 semaines
- Primo-infection :
- Chute du nombre de lymphocytes TCD4+ dans le sang et au niveau des muqueuses
- Symptomatique dans 50 à 60 % des cas : syndrome pseudogrippal 15 jours après la contamination
- Durée des symptômes (si présents) : 2 semaines en moyenne
- Phase de latence clinique :
- Signes liés au déficit immunitaire :
- lymphadénopathie
- amaigrissement
- fièvre
- diarrhée
- toux
- Réaction inflammatoire constante : sur-risque de morbi-mortalité à moyen et à long terme (maladies cardio-vasculaires, troubles neurocognitifs, cancers, atteintes rénales)
- Phase de SIDA :
- Survient en moyenne 10 ans après la primo-infection (VIH-1)
- environ 5 % des patients sont dits « progresseurs rapides »
- environ 5 % des patients sont dits « non progresseurs à long terme »
- Infections opportunistes : infection à mycobactérie atypique, toxoplasmose cérébrale, pneumocystose, cryptococcose, cryptosporidiose chronique, infections bactériennes graves, ...
- Cancers : lymphomes, sarcome de Kaposi
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Prélèvement :
- Sang
- Liquide céphalorachidien (LCR)
- Primo-infection : thrombopénie, leucopénie, neutropénie, syndrome mononucléosique, élévation des transaminases, charge virale élevée
- Phase de latence : diminution des LTCD4+, charge virale stable ou augmentation progressive
- Techniques ELISA (arrêté du 28 mai 2010) :
- détection combinée des anticorps anti-VIH-1, anti-VIH-2 et de l’antigène p24 du VIH-1
- recommandées pour le dépistage des infections récentes
- antigène p24 positif 15 jours après la contamination et au stade SIDA avancé
- anticorps : apparition entre 20 et 45 jours après la contamination
- Tests rapides à orientation diagnostique (TROD) :
- tests immunochromatographiques
- non utilisés seuls : confirmation nécessaire
- non adaptés pour le dépistage d’une infection de moins de 3 mois
- adaptés aux situations d’urgence : accouchement (statut inconnu), accident d’exposition sexuelle (proposé au partenaire), accident d’exposition au sang (patient source)
- Confirmation par Western Blot ou Immunoblot sur le même échantillon que le test de dépistage
- En cas de premier test de dépistage positif, second prélèvement obligatoire : confirmation du résultat par un test ELISA, s’assurer de l’identité correcte du patient
- RT-PCR :
- Détection et quantification de l’ARN viral plasmatique (positif 10 jours après la contamination)
- Utilisée au moment du diagnostic initial et pour le suivi des patients traités
- Distinction entre VIH-1 et VIH-2 (PCR spécifiques)
- Séquençage :
- Détermination du sous-typage du VIH-1 : laboratoires spécialisés
- Détermination de la résistance aux antirétroviraux (génotypage VIH) : doit être réalisé chez tout patient nouvellement diagnostiqué et en cas de suspicion de résistance au traitement (échec thérapeutique)
- Recherche de l’ADN viral dans les leucocytes mononucléés ou de l’ARN viral plasmatique
- Diagnostic posé si au minimum 2 PCR sont positives
- Examen réalisé à la naissance, puis à 1, 3 et 6 mois de vie
- Sérologie : peut être réalisée dès 18 mois de vie
Perturbations biologiques :
Diagnostic indirect : sérologie
Diagnostic direct :
Cas particulier : diagnostic chez l’enfant né de mère VIH
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Éléments de traitement :
- Traitement recommandé à toutes les personnes vivant avec le VIH.
- Objectifs de la mise sous traitement : charge virale indétectable en six mois + taux de CD4 > 500 / mm3
- Résistances naturelles du VIH-2 : inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptase inverse (INNTI) et inhibiteurs de fusion
- Médicaments antirétroviraux disponibles : (d'après le Conseil national du sida et des hépatites virales)
Classe thérapeutique | Dénomination commune internationale |
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Inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase inverse | Abacavir |
Emtricitabine | |
Didanosine | |
Lamivudine | |
Zidovudine | |
Inhibiteur nucléotidique de la transcriptase inverse | Ténofovir |
Inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptase inverse | Efavirenz |
Etravirine | |
Névirapine | |
Rilpivirine | |
Inhibiteurs de la protéase | Atazanavir/ritonavir |
Darunavir/ritonavir | |
Fosamprénavir/ritonavir | |
Lopinavir/ritonavir | |
Saquinavir/ritonavir | |
Tipranavir/ritonavir | |
Inhibiteur de fusion | Enfuvirtide |
Inhibiteur de CCR5 | Maraviroc |
Inhibiteurs d'intégrase | Raltegravir |
Dolutegravir | |
Associations disponibles | Abacavir + lamivudine |
Tenofovir + emtricitabine | |
Tenofovir + emtricitabine + efavirenz | |
Tenofovir + emtricitabine + rilpivirine | |
Abacavir + lamivudine + dolutegravir |
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Prophylaxie :
- Prévention de l’infection à VIH :
- Utilisation du préservatif lors des rapports sexuels
- Dépistage régulier du VIH et autres IST
- Personnes à haut risque d’infection : prophylaxie préexposition ou post-exposition (entre 4 et 48h après l’exposition)
- Détermination du statut sérologique dans le cadre d’un don de san, d’organes, de tissus ou de cellules
- Prévention de la transmission maternofoetale :
- Traitement efficace antirétroviral de la mère infectée
- Contre-indication de l’allaitement pour la mère infectée (pays du nord) ou traitement efficace des mères allaitantes
Mise à jour : mai 2024